mercredi 30 janvier 2019

35 semaines #1

Il y a un an déjà et pourtant je m’en souviens comme si c’était hier... Je partage aujourd'hui avec vous, ce jour si particulier à mon coeur.

J’ai emmené les enfants à l’école comme les jours précédents. J’avais mal partout et j’étais très  fatiguée, comme les jours précédents.
Et comme quasiment tous les jours précédents on m’a demandé:

 «- C’est pour quand?
-10 Mars!
-Oh, un troisième il arrivera avant.
 (Vous le savez, les gens ont toujours des grandes théories lorsqu’il s’agit de la grossesse) 
Et comme d’habitude j’ai répondu: 
-Je suis allée à terme 2 fois, j’irai une 3ème fois! »

En rentrant à la maison, ce jour là, j’ai décidé de me recoucher. J’ai dormi jusqu’à midi.
J’ai bien mis 5 bonnes minutes à me sortir du lit et là, une fois debout, il fallait vite aller aux toilettes! Les joies de la fin de grossesse, lorsque le contrôle de ta vessie est très approximatif.


En l’espace de quelques secondes j’ai compris....
Mais non, ce n’est pas possible...
Je me lève des toilettes, je tente de me rhabiller. Je laisse tomber, je me remets sur les toilettes et là tout mon corps se met à trembler.
Je perds les eaux.

La poche des eaux n’a pas « lâché » comme j’ai pu le vivre pour Marie, mais je perds les eaux et ça ne s’arrête plus.

Je suis enceinte de 35 semaines, la chambre de bébé n’est pas encore terminée, je n’ai pas préparé ma valise, je n’ai pas préparé la valise de bébé, je n’ai pas préparé la valise des grands au cas où.... et surtout 35 semaines!
Je ne suis pas prête, j’ai peur, j’ai peur de la suite de cette journée.

J’ai peur pour mon bébé. 

J’appelle mon mari qui a du mal à me croire mais qui se met en route pour venir me chercher. J’appelle ma sage-femme, qui tente de me rassurer comme elle le peut.
J’appelle notre ancienne nounou pour savoir si elle peut prendre les grands pour la nuit au cas où. J’appelle des amis pour savoir s’ils peuvent récupérer les enfants à l’école.
J’appelle l’école pour prévenir que ce ne sera pas moi à la sortie au portail.
J’appelle, j’appelle.....

Je ne suis pas prête mais je dois préparer une valise pour la maternité. Je n’arrive pas à penser à autre chose qu'à mon bébé.
Je prends un peu n’importe quoi pour moi, je prends le peu d’affaires de bébé que j’ai.
Je dois aussi faire un sac pour les grands...

Dans l’heure qui suit on part pour la maternité. 
Je n’ai pas de contraction. J’ai accouché rapidement les 2 premières fois, je ne suis pas inquiète de ce côté là, mais je suis vraiment inquiète pour mon bébé et surtout je ne suis pas prête.

À l’arrivée à la maternité on attend...
On m’explique qu’à 35 semaines c’est trop tôt, on ne peut pas me garder. Je vais être transférée à l’hôpital, là où tout l’équipement nécessaire à un accouchement prématuré est disponible, là où un service de néonatalogie pourra accueillir bébé.
On attend...on m’examine, le col n’est pas ouvert.

On attend...on attend... 

Je pars dans l’ambulance seule, mon mari doit prendre notre voiture.
L’hôpital est juste à côté mais le trajet me semble une éternité. Une des ambulancières reste avec moi à l’arrière, elle sourit, elle me tient la main, elle me parle... je ne sais plus de quoi à vrai dire.... mais je me souviens qu’elle était là.

A l’hôpital je ne suis pas attendue, ou alors si je le suis, on a oublié.
On demande à l’ambulancier pourquoi je suis là....

On attend....

Mon mari arrive et on nous place dans une chambre en attendant que le travail commence. J’ai des contractions, elles sont rapprochées et assez fortes, mais le col est à peine à 1.

On attend....on attend....

Je sais, sans même avoir vu l’anesthésiste, que je n’aurai pas de péridurale. Je viens d’arrêter mon traitement contre l’hypertension et le délai entre l’arrêt du traitement et une éventuelle péridurale est trop court et comporte trop de risques.
Je vais devoir le faire seule, de moi-même. Je n’ai franchement pas envie.... au delà de la douleur, je pense aux suites, je pense aux efforts qu’il va falloir fournir... Je ne suis absolument pas prête.

On attend....

Le col ne bouge presque pas. Et les contractions s’arrêtent. Il doit être 18h peut-être.... je trouve ça étrange. Quelque chose en moi me dit que ce n’est pas normal. Je me connais bien, je connais bien mon corps et j'ai une intuition.
On attend.....

On me dit que cela arrive, rien de grave, que je n’ai qu’à dormir.

Dormir?
Mais comment est-ce possible? Je suis là, à 35 semaines de grossesse, je ne sais pas comment va mon bébé, je ne sais pas quand je vais accoucher... Et s’il y avait des complications? et si bébé avait des séquelles? Et si....
Oui, j’ai imaginé le pire.

Comment continuer à vivre? Que dire aux enfants? Pourquoi? 

Les contractions ont repris vers 22h environ, très rapprochées, très très douloureuses. À ce moment là je me suis dit que je n’avais jamais eu de contractions douloureuses avant grâce à la péridurale des 2 précédents accouchements.

Mon mari s’endort entre 2 contractions.
La magie de la psychologie masculine, sans aucune méchanceté mais...Voilà, j’étais seule à souffrir, j’étais seule à être inquiète, j’étais seule à regarder cette pendule, j’étais seule à me poser des millions de questions.

La sage-femme de nuit vient se présenter. Une gentille petite femme, qui me fait penser à Dobby dans Harry Potter (oui, oui les hormones ça fait de drôles d’effets), elle va, elle vient, elle regarde le col, elle repart...

Je sens que ce n’est pas normal. J’ai d’énormes contractions mais il ne se passe rien.
J’entends le cœur de bébé au monitoring et il bouge, c’est bien ma seule source d’espoir à ce moment là.

La journée se termine ainsi et je sens que la nuit va être très longue et je ne suis pas prête....

On t'attend...






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